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La Croix du Maine


MICHEL MENOT



[La Croix du Maine, page 327]
B. L. MICHEL MENOT, docteur en Theologie à Paris, de l'ordre des freres
mineurs ou Cordeliers &c.

Il a escrit plusieurs volumes de sermons, lesquels il a fait & pronon-
cez, tant en la ville de Paris (en l'Eglise de sainct Jean en Greve ) qu'en
l'Eglise de Tours en Touraine &c. lesquels se voyent imprimez à Pa-
ris chez Claude Chevallon l'an 1525. Ses Expositions sur les Epistres du
Caresme, ont esté imprimees à Paris chez ledit Chevallon l'an 1519. &
ses sermons de l'enfant prodigue.

Henry Estienne en a fait plusieurs extraicts, lesquels il a employez
en son Apologie pour Herodote, imprimee par luy l'an 1567. ou envi-
ron. Et ce qui me fait mettre entre les escrivains François cet autheur
susdit, c'est que ses Sermons sont rempliz de mots & dictions Françoi-
ses, & de plusieurs autres discours, tellement meslez & entrelacez, que
lon peult cognoistre qu'il estoit de nation Françoise, & que ce qu'il
avoit ainsi parlé Latin-François, que c'estoit pour se mieux expliquer,
& donner à entendre à ceux qui n' avoyent pas cognoissance de la lan-
gue Latine.

Il florissoit du temps du Roy Loys 12. & au commencement du re-
gne de François premier. Je ne sçay pas de quelle nation il estoit, sinon
qu'il estoit François: mais je ne sçay de quelle province de France. Ses
oeuvres sont plus recherchees que celles de Olivier Maillard, ou bien
de Michel Barlette & autres semblables escrivains , lesquels ont fait
des predications si hardies & tellement libres, qu'ils n'ont craint en ce-
la aucun, tant ils estoyent ardents pour annoncer la parolle de Dieu:
Et si quelques- uns recherchent leurs oeuvres , par sur tous autres Theo-
logiens de leur temps, c'est pour voir les abuz de tous estats descou-
verts par iceux plus evidemment , que par les autres predicateurs du
temps passé: car ceux-cy ont esté extremément hardis à escrire, & en-
cores plus à prescher en publiq: & n'ont point craint d'employer en
leurs livres , les vices qui avoyent cours de leur siecle, afin que lon s'en
corrigeast. Ce qui est cause que tant de personnes en sont curieux: & si
ils convertissent ou tournent les discours des susdits docteurs en Theo-
logie, autrement qu'en bonne part, celà tournera sur eux, & les scanda-
lizera, & non pas les inventeurs ou autheurs desdits Sermons.

Ce que j 'ay dit assez amplement, pource que la plus grande par-
tie de ceux qui recherchent les oeuvres des trois autheurs susdits, ne le
font que pour s'en penser rire & moquer: mais les bien advisez n'en
font pas ainsi: car lon doibt penser au but final & à l'occasion prin-
cipale qui les faisoit ainsi parler, & au siecle où ils estoyent, & non pas
aux discours ou reprehensions couchees en leurs livres , en tels termes
qu'il leur a semblé bon de ce faire.
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Ce que j 'ay dit si amplement icy, je l'ay racompté pour beaucoup
de raisons: c'est pour faire penser plus d' une fois ceux-là qui donnent
si libre jugement des autheurs, (& principalement des oeuvres de Theo-
logie) sans avoir egard de quelles personnes ils parlent, & à quelle con -
sequence peuvent estre tournez leurs propos ainsi vainement prononcez.
Si les susdits autheurs ont failly, je ne les veux soustenir: mais je veux
juger de tout, en la meilleure part, sans jamais me vouloir declarer par
trop affectionné.