MELIN OU MERLIN DE S. GELAYS



[La Croix du Maine, page 321]
B. L. MELIN OU MERLIN DE S. GELAYS, natif d'Angoulesme, Abbé
de Reclus, Aumosnier de Monsieur le Dauphin de France l'an 1525. issu
de la tres-noble & ancienne maison des sieurs de S. Gelays en Aquitai-
ne, & parent d' Octavien de S. Gelays, Evesque d'Angoulesme (duquel
nous ferons mention cy apres.) Je n'ose dire ce que j 'ay entendu dudit
Melin, & en quelle qualité il appartenoit audit Evesque , jusques à ce
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que je m'en sois plus avant informé par ceux de cette maison, lesquels
en peuvent plus sçavoir que moy, (pour leur appartenir de plus pres.) Si
diray- je toutesfois qu'il estoit estimé l' un des plus doctes hommes de
la Cour du Roy François premier, pere des lettres, & si je veux icy repe-
ter les loüanges que luy a donnees l'autheur du livre intitulé Le Quintil
Censeur (qui est un traicté fait contre Joachim du Bellay, par Charles Fontaine Parisien.) Je diray qu'il sçavoit composer en tous genres de
vers, & sur tout qu'il estoit excellent pour les Lyriques, lesquels il met-
toit en musique, les chantoit, les joüoit & sonnoit sur les instruments
estant Poëte & Musicien vocal & instrumental, (afin d' user des termes
dudit autheur) estant encores Mathematicien, Philosophe, Orateur,
Theologien, Jurisconsul , Medecin & Astronome: bref docte en tous
arts & sciences.

Apres sa mort, il a esté imprimé un volume de ses oeuvres poëtiques
à Lyon l'an 1574. chez Antoine de Harsy.

Il a traduit de Grec en François, la tragedie de Sophonisba, impri-
mee à Paris.

Il est cause que les voyages adventureux du Capitaine Jean Alphon-
se Xaintongeois, ont esté imprimez à Poictiers l'an 1559. par les Mar-
nefs, lesquels il recouvra avecques grande peine, pour en faire le public
participant.

Le Courtisan de Messire Balthazar de Chastillon, traduit premiere-
ment d'Italien en François, par Jean Colin, a esté reveu & recorrigé par
ledict Melin de S. Gelays, & imprimé à Paris chez Gilles Corrozet l'an
1549. Gabriel Chapuis Tourengeau l'a aussi traduit (comme nous
avons dit cy dessus.)

Il florissoit soubs les regnes de François premier, & Henry second.

Pierre de Ronsard fait mention de luy en plusieurs de ses oeuvres , di-
sant qu'il luy estoit for contraire, & mesprisant ses poësies devant les
Rois, comme jaloux de voir qu' un autre emportast le pris parsur luy,
qui estoit estimé le premier de la cour &c. Ce qui se voit és vers où il
dit Garde moy de la tenaille de Melin, ou en parolles semblables, enten-
dant parler dudit Melin de S. Gelays.