François Grudé, sieur de La Croix du Maine
DuMaine. La Croix du Maine est fou; il avoit une chambre toute pleine de lettres de divers personnages mises dans des armoires,in nidis; j'y allay, & en sortant, Aurat me dit,oscura diligentiacar il ne pronoçoit point le B. Telles gens sont les crocheteurs des hommes doctes, qui nous amassent tout; Cela nous sert beaucoup, il faut qu'il y ait de telles gens.
Scaligeriana, Genevae, apud Petrum Columnesium [i. e.La Haye, Adriaan Vlacq ?], 1666, p. 213.
Antoine du Verdier, sieur de Vauprivas
Verdiersçavoit tous les livres. Il fera une Bibliotheque sans interposer son jugement. Sixtus Senensis a interposé le sien : il y a des semi-docti qui connoissent mieux les livres & les bons que les bien-doctes comme Casaubon. Monsieur Verdier à Lyon avoit une belle Bibliotheque en Italien, François, Espagnol, Grec & Latin.
Scaligeriana, Genevae, apud Petrum Columnesium [i. e.La Haye, Adriaan Vlacq ?], 1666, p. 355.
Joseph Scaliger, leur ami, les a peints assez au naturel dans ses Conversations, où, tout en riant, il n’a pas laissé de reconnoître ce qu’ils avoient de louable. Il ne les a pas traités de Savans, mais il a ingénument avoué que leur travail étoit d’un grand secours aux Savans. Quelle obligation, en effet, la République des Lettres n’a-t-elle pas à des gens, qui, pour son service, ont bien voulu se charger d’une collection si pénible ? [...]
Ce seroit dommage qu’il se passât autant d’années avant qu’il pût se trouver quelqu’un parmi nous capable de remplir le vuide que la Croix-du-Maine & du Verdier ont laissé après eux. Pour moi, qui, à l’âge de quatre-vingt-cinq ans m’aviserois un peu tard de l’entreprendre, j’ai cru, ne pouvant continuer leur travail, devoir m’occuper à le rendre plus utile.
Bernard de La Monnoye,Œuvres choisies,Tome Second, éd. par Rigoley de Juvigny, à La Haye : Charles Le Vier ; à Paris : Sugrain le jeune ; à Dijon : F. Des Ventes, 1770, p. 459-460.