Pierre Durand (15..?-15.. ; poète)



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La Croix du Maine


PIERRE DURAND



[La Croix du Maine, page 394]
B. L. PIERRE DURAND , Bailly de Nogen le Rotrou au pays du Perche,
sur les frontieres du Maine &c.

Il estoit tres-docte Poëte Latin, & a composé plusieurs beaux vers
en l' une & l'autre langue, lesquels ne sont encores imprimez.

Je ne craindray point (estant tombé à propos pour faire mention
dudit sieur Durand) d'expliquer icy l'Enigme qui se voit escrite sur sa
maison, en ladite ville de Nogen au Perche, qui est un passage ordinai-
re pour tous ceux de Bretagne, Anjou, le Maine & autres lieux voisins
qui font le voyage à Paris. Cette devise est telle.

De Pierre Blanche je fuz faite Durand Féurier.

Laquelle est tellement obscure, que sans avoir cognoissance des Equi-
voques contenuz en icelle, elle ne pourroit estre solüe, sinon par ceux
qui en sont les autheurs, qui l'ont declaree par apres. Car il semble que
ladite maison, faite de Pierre Blanche, aye esté bastie au mois de Fé-
urier, qui est un temps incommode pour la massonnerie, & encores
pour estre le plus court de tous les autres mois, ce qui seroit impossible
de faire à un homme mediocre en biens, de la bastir si riche comme
elle est, sçavoir de Pierre de taille, ou autre semblable, en si peu de temps
qu' un mois. Mais afin de ne retenir les lecteurs plus long temps à en
sçavoir la vraye explication, la voicy. Ledit Pierre Durand & sa premie-
re femme, nommee Blanche Féurier, firent faire cette maison durant
leur mariage, tellement que la maison estant introduite comme par-
lante, semble dire ces mots, Je fuz faite de pierre blanche durant le mois de
Féurier, en quoy vous voyez les equivoques ou allusions.

Ce qui m'a fait arrester à l'explication de cette Enigme, ç'a esté pour
avoir autresfois veu (passant par là) faire des gageures for grandes tou-
chant ceux qui se vantoient de la pouvoir expliquer, & n'en pouvoyent
venir à bout, & autres voyant cette inscription, n'y prennent pas gar-
de, pensant qu'il ne faille entendre en celà qu' un sens commun, comme
és autres choses mises ordinairement sur les portes, ou frontispices des
superbes bastiments.