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La Croix du Maine


PHILIPPES DE MORNAY



[La Croix du Maine, page 377]
B. L. PHILIPPES DE MORNAY, sieur du Plessis Marly en Normandie,
gentilhomme des plus doctes de France, & reputé pour tel, par tous
ceux qui ont vraye & entiere cognoissance de luy & de ses escrits: ce
qui est une chose assez rare & peu commune en France & autres lieux,
de voir des gentils hommes issus de grande maison ( comme est cetui-cy,
qui est descendu des seigneurs de Longue-ville, l' une des plus renom-
mees & anciennes seigneuries de Normandie &c.) avoir les lettres en si
grande recommandation, & y avoir tant profité, qu'ils font honte &
surpassent en celà ceux qui en font profession ordinaire, sans s'addon-
ner à autres exercices.
[page 378]
Mais pour revenir aux escrits ou compositions de ce seigneur du
Plessis, voicy ce qu'il a fait de son invention en nostre langue Fran-
çoise.

Discours de la vie & de la mort: qui est un traicté for docte, & tres-
excellent, imprimé à Paris chez Périer & Auuray l'an 1580. & l'an
1584.

J 'ay opinion que le subject de ce livre , a esté pris sur l' equivoque
ou allusion du surnom dudit sieur du Plessis, qui est Mornay: car
en ce mot, se trouve le nom du trespas & de la naissance tout en-
semble, qui est la vie & la mort: si celà n'est ainsi, je ne pense pas
m'estre beaucoup eslongné de ce que les plus ingenieux pourroyent
rechercher en celà.

Il se trouve un dialogue de la vie & de la mort, composé en lan-
gue Toscane, par maistre Innocent Ringhier, gentilhomme de Bo-
longne la grasse en Italie, lequel a esté traduit en François par Iean
Louveau
d'Orleans, & imprimé à Lyon l'an 1557. par Robert Granjon:
mais encores que le tiltre de ce livre dudit Italien, soit pareil à celuy du
sieur du Plessis: si est-ce qu'il y a bien grande difference de l' un à l'au-
tre: dequoy j ' advertis ceux qui pensent quand ils voyent un livre , de
mesme tiltre, ou semblable inscription, que ce ne soit qu' une repeti-
tion ou imitation du premier autheur, à celuy qui en a pareillement
escrit.

Il a davantage escrit un des plus beaux, & des plus doctes livres que
nous ayons encores point veu, en nostre langue Françoise, traictant
de la verité de la religion Chrestienne, contre les Athees, Epicuriens,
Payens, Juifs , Mahumedistes & autres infideles, imprimé à Anuers
chez Chrestofle Plantin l'an 1582. in 4. & depuis chez Jean Richier à
Paris audit an 1582. & l'an 1583. & encores à G. audit an.

Ce livre a esté si bien receu en nostre France, que l'autheur d'iceluy
l'a escrit en langue Latine, afin qu'il fust veu & leu de plusieurs nations
estrangeres, lesquelles n'ont pas cognoissance de nostre langue vulgai-
re: il a esté imprimé en ladite langue Latine à Anuers chez le susdit
Chrestofle Plantin l'an 1583. & en autres lieux.

Il a escrit un traicté de la providence de Dieu, duquel il fait mention
en ses oeuvres . Je ne sçay s'il est imprimé.

Traicté de l'Eglise, imprimé à Londres l'an 1578.

Il florist cette annee 1584. & est employé d'ordinaire pour les affai-
res du Roy de Navarre son maistre. Si j ' avoy cognoissance de ses au-
tres escrits, j 'en feroy plus ample recit en ce lieu: mais je n'ay veu que les
susdits mis en lumiere.