RENÉ DE RONSIN



[La Croix du Maine, page 437]
RENÉ DE RONSIN, sieur du Plessis, gentilhomme du Maine, lequel
je ne pourrois assez extoller pour la grande cognoissance, ou bien (pour
mieux & veritablement parler) pour la perfection qu'il a au jeu
du luth, & en Musique, sinon que je voulusse dire qu'il ne cede
à aucun en celà, & qu'il en surpasse beaucoup des plus renommez en
cette profession: s'il est ainsi qu'il ait continué sa façon de joüer com-
me autresfois je l'ay veu estre reputé comme la merveille & quasi mi-
racle des plus excellents joüeurs de Luth, tant pour l'air agreable, &
pour la promptitude de sa main, & encores pour le profond sçavoir
de la Musique. Ce qu'il a apris avec un travail & peine inestima-
ble: car pour parvenir à cette parfaicte cognoissance, il a fait une
despense infinie, pour voyager par toute l'Europe, & encores
jusques en Turquie, pour se rendre de plus en plus accomply, & satisfai-
re à ses desirs, en une si loüable curiosité.

Je feray fin à ces loüanges, pour dire que s'il vouloit tant de
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bien à la France, que de luy communiquer de ses secrets sur la Musique,
que il l'obligeroit à confesser son brave nourisson: mais tous sont ava-
res de leurs plus beaux secrets, ou bien ils n'ont pas un siecle propre
pour le reputer digne de leur departir & communiquer liberale-
ment, ce qui leur a trop cousté à apprendre, & avec un si long
temps.

Il florist à Paris cette annee 1584. Nous avons parlé de luy cy dessus à
la lettre F. l'appellant François Rousin, mais son nom est René, & celà
se corrigera à la seconde edition.