LOUIS D'AMBOISE



[La Croix du Maine, page 290]
LOUIS D'AMBOISE, seigneur de Bussy, Marquis de Reinnel, capitaine
de cinquante hommes d'armes des Ordonnances du Roy, gouverneur
& Lieutenant general au pays & Duché d'Aniou, premier gentilhom-
me de la chambre de Monsieur, frere du Roy, & Colonel general de
l'infanterie Françoise de son Altesse, &c.

Ce seigneur de Bussy-d'Amboise, estoit issu de la tres-noble, tres-an-
cienne & Royale maison d'Amboise en Touraine, de laquelle Mes-
sieurs les Contes d'Aubigeous en Albigeois sont pour le jourd 'huy
chefs du nom & des armes, comme nous dirons au Catalogue general
des maisons nobles de France, lequel nous esperons mettre bien tost
en lumiere.

Pour revenir à parler de Louis d'Amboise, j 'oseray asseurer qu'il
estoit l' un des plus vaillants & adextres gentils-homme aux lettres &
aux armes, que la France ait point encores veu de nostre temps, de-
quoy il a fait assez preuve durant sa vie, & l'eust encores plus monstré,
s'il eust vescu plus longuement : mais une mort violente l'en a empesché.
Il aimoit & caressoit sur tout les hommes de lettres, & c'est ce qui me
le fait tant respecter & en parler si amplement: car s'il n'eust esté que
guerrier, j 'eusse reservé celà à discourir amplement és vies des plus vail-
lants hommes en guerre, natifs de la France, & des Gaules.

Et pour monstrer qu'il avoit grande cognoissance des bonnes let-
tres, & qu'il n'estoit pas seulement grand Orateur & treseloquent gen-
tilhomme, nous avons encores de luy plusieurs beaux vers & Poësies
Françoises de sa façon, & entre autres ces belles Stances, qui estoient
comme un presage de sa mort. Car en icelles il semble discourir tout le
malheur qui depuis luy est advenu : elles ne sont encores en lumiere
non plus que ses autres oeuvres .

Il fut tué sur les terres de Monsieur le Conte de Montsoreau en
Anjou le Mercredy 19. jour d'Aoust l'an 1579. agé de vingt-huict ou
vingtneuf ans.

Il estoit l' un des plus favoriz de son maistre, pour les bonnes parties
qui estoient en luy, & sur tout pour sa valeur & les lettres.

Il a esté fait plusieurs Epitaphes sur sa mort, composez par les
plus sçavants hommes de ce siecle, desquels il y en a plusieurs impri-
mez, les autres qui sont en Grec, Latin, François & autres langues, le
seront peut estre une autre autre fois. J ean le Frere & autres font men-
tion de luy en leurs histoires, les uns le loüent, les autres le blasment,
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chacun en escrit selon son affection particuliere. Aucuns disent qu'il
estoit gentil-homme natif de Champagne, les autres du Duché de
Bar, & les autres Tourengeau. Je ne sçay au vray le lieu de sa nais-
sance.