JEAN DE LA GUESLE



[La Croix du Maine, page 232]
Messire JEAN DE LA GUESLE , natif dudit lieu en Auuergne, sei-
gneur de la Chau, premierement Procureur general du Roy en son Par-
lement à Paris, & depuis President en ladite Cour. Le pays d'Auuer-
gne a cette grace, donnee de Dieu, de produire une infinité de graves
& doctes personnages, non seulement és siecles passez, mais encores de
nostre temps: la pluspart desquels sont venuz faire leur demeure en cet-
te tant renommee & par tout celebree ville de Paris: lesquels ont obte-
nu des estats & offices les plus honorables au Parlement d'icelle, & l'ont
tellement illustré, qu'il seroit difficile d'en pouvoir trouver d'autre pays,
en si grand nombre comme ont esté ceux de cette nation d'Auuergne:
Entre lesquels je nommeray par honneur, Messire Antoine du Prat,
Chancelier de France & Cardinal &c. Antoine du Bourg Chancelier,
oncle d'Anne du Bourg, Conseiller en Parlement, Messire Michel de
l'Hospital Chancelier, Pierre Liset premier President, Messieurs de
sainct André pere & fils, Presidents en ladite Cour, Charles de Ma-
rillac Advocat du Roy, Jean Bardon Procureur du Roy, Antoine Ma-
tharel, & les sieurs de la Guesle: sans faire mention de Martial d'Auuer-
gne, lequel florissoit il y a pres de quatre-vingts ans, ensemble de Iean
Amariton , Antoine Fontanon , Pellisier, Bonnefons , Amy & autres desquels
je n'ay pas souvenance pour cette heure: aussi que je n'ay voulu parler
que de ceux qui font profession du droict, & si j 'eusse voulu parler des
anciens Jurisconsuls d' Auvergne , j 'eusse nommé Pierre Durand, dit le
Speculateur, Massuere, Vincent Cigault, & plusieurs autres qui tous ont
pris naissance en Auuergne. Quant aux Theologiens, Poëtes & Ora-
teurs de ce pays-là, desquels Sidonius Apollinaris Evesque de Cler-
mont en Auuergne l'an 480. est le chef & le plus renommé d'entr'eux,
j 'en feray mention en autre lieu & plus à propos. Or pour revenir à
parler du sieur de la Guesle President au parlement de Paris, pere de Ja -
ques de la Guesle (lequel il a pourveu de son estat de procureur du Roy,
qu'il tenoit auparavant ) j 'oseray dire qu'il est tellement docte & si
cloquent, & si bien versé en la cognoissance des affaires d'estat, qu'il
s'en trouvera peu, qui le surpassent en celà, non plus qu'en plusieurs au-
tres choses louables, qui sont en luy. Il a prononcé beaucoup de ha-
rangues tres-doctes en ladite Cour de Parlement , & a plaidoyé plusieurs
belles causes, & bien dignes de remarque, tant au Parlement de Paris
qu'en autres de ce Royaume, lesquelles ne sont encores en lumiere.

Il florist à Paris cette annee 1584.