FRANCOIS DE LA CROIX- DU MAINE



[La Croix du Maine, page 94]
B. L. FRANCOIS DE LA CROIX- DU MAINE sieur dudit lieu & de la
Vieille-cour, à quatre lieües de la ville du Mans, autheur de ceste Bi-
bliotheque Françoise, &c.

Tous les autheurs tant anciens que modernes, lesquels ont escrit les
catalogues des escrivains , ou facteurs de quelques ouvrages , ont tous-
jours fait mention de leurs escrits, quand celà est venu en leur rang, &
pour mon regard, afin d' advertir ceux qui verront ce mien oeuvre , des
escrits que j 'ay jusques icy elabourez, sans les avoir encores mis en lu-
miere, je veux bien qu'ils sçachent , que je n'en desire pas mettre icy le ca-
talogue ou denombrement , que j 'ay fait imprimer il y a cinq ans, & le-
quel je delibere de faire voir encores sur la fin de ce mien abregé de Bi-
bliotheque, à fin que ceux qui desireront sçavoir quelles sont noz en-
treprinses, les voyent tout à leur aise. Et pour dire en un mot quelles oeu-
ures j 'ay faites, ou bien quelles sont mes entreprises, que ceux qui liront
cecy s'asseurant qu'il n'y a subject ou matiere au monde, cogneüe des
hommes, de laquelle je n'aye escrit, ou recueilly memoires, jusques à
avoir amassé huit cent volumes de Memoires & Recueils de toutes fa-
çons, contenant vingt cinq ou trente mille cayers de matieres differen-
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tes, esquels il y a plus de treze ou 14. mil fueilles escrites de ma main
& n'appelle point fueille s'il n'y a cent lignes, & n'appelle point ligne
s'il n'y a dix ou douze syllabes, ce que je ne veux alleguer pour une ar-
rogance, car c'est ce que j 'ay le plus en horreur, mais je le fay pour pre-
venir en celà ceux qui ayans ouy parler des volumes de ma Bibliothe-
que penseroient que ce ne fussent que papiers blancs, ou livres d'atten-
te, entre lesquels il y en a plus de quatre ou cinq cens escrits à la main,
d'autre main que la mienne, desquels j 'ay fait par cy devant assez ample
mention, tant en mon Discours imprimé l'an 1579. qu'en celuy que je
presentay au Roy l'an 1583. lesquels pour ne s'estre venduz publique-
ment je feray imprimer sur la fin de l'Abregé de cette Bibliotheque, afin,
de satisfaire à plusieurs qui ne les ont encor'veuz, combien que je sois tout
asseuré que le premier a esté leu par plus de dix mille hommes de na-
tion Françoise ou estrangers, mais la promesse contenue en iceluy,
s'est trouvee tellement surpasser les forces humaines, qu'ils ont pensé
que ce n'estoient que des idees ou imaginations, ce qui les a empeschez
d'entendre à m' envoyer des Memoires, pour parachever cette Biblio-
theque, se persuadans que ce n'estoit qu' une entreprise sans en pouvoir
jamais voir l'effet sortir en evidence : je parleray de cecy autre part.